Tonight it's gonna happen, again and again.


Ce soir, c'était une soirée à thème. Lequel, me direz-vous ? Spécialités françaises. A l'honneur, vous avez des baguettes de pains à consommer avec de la confiture, mettez vos bérets et marinières, les vélos trainent dans un coin pendant que des tas de tours eiffel se trouvent aux quatre coins de cette boîte de nuit. N'oublions pas les fameux french kiss, peu importe où on regarde, il y aura forcément un couple en train de s'embrasser à la spécialité française. Vulgaire au possible quand on a juste envie de désespérer devant une bonne bière ou vodka. Pendant un court instant, j'hésitais encore à fuir et à me cacher dans un bar miteux avec une ambiance de mort. Mais j'y étais à présent, autant profiter comme je le pouvais. Je les regardais, ces couples en train de se peloter et je me demandais si certains mecs n'étaient pas en train de tromper leurs copines. La dure loi de la vie dans cette jungle new yorkaise. « Vous voulez quelque chose peut être ? » Je me retournais et regardait cette blondasse stéréotypée au possible, poitrine refaite, c'était tout simplement un pot de peinture. « Euuh...une bonne vodka fera l'affaire, merci. » Je ne savais même pas combien ça coutait mais je devais forcément avoir assez. Je regardais tous ces serveurs derrière le comptoir et m'imaginais leur pauvre vie. A tous les coups, cette blondasse avait hâte de rejoindre son copain ce soir, cet homme un peu âgé sur la gauche devait être le patron et semblait vouloir une vie plus calme, sans tous ces artifices. Enfin, le garçon à droite en train de secouer quelques coktails semblait espérer l'amour de sa vie. Je l'observais quelques instants, essayant de deviner son prénom, dans quel quartier il habitait et autres détails futiles. Il dut se rendre compte que quelqu'un le fixait et se tourna vers moi. Je ne sais pas pourquoi mais je rougis, surement gênée qu'il se rende compte qu'une malade imaginait sa vie, en détournant le regard. La blonde me servit ma vodka et je la remerciais. J'en profitais pour la boire cul sec avant de lâcher un « Aaah ! » comme...à peu près n'importe qui voulant boire un alcool fort cul sec. Ma gorge me faisait souffrir mais après quelques minutes, ça passait. La serveuse me regardait avec insistance. « Un autre s'il vous plait. » Elle me sourit. En faite, elle me faisait pitié. Ils passaient des chansons françaises et je comprenais à peu près toutes les paroles, encore une histoire d'amour. Mais ne dit-on pas que Paris et la ville de l'amour ?
Je ne savais pas pourquoi j'étais venue ici. Surement pour essayer d'oublier mon couple désastreux, mes résultats pourris, une amitié sur la dérive et un coup d'un soir foireux. Bref, ma vie quoi. Mais qu'est ce que j'espérais ? Que tout allait se régler en parlant avec un inconnu ? Pourquoi pas, après tout...

Cela faisait à peine une semaine que je travaillais ici et ce soir, c’était ma première soirée à thème. Et autant vous dire, je ne m’étais pas du tout préparé mentalement à ceci : une bonne petite soirée qui célèbre mon pays et ses traditions. Je trouvais cela légèrement pitoyable mais écouter de la musique française me mettait un peu de baume au cœur, même si ce n’était pas mon registre habituel. Mon pays me manquait horriblement, moi qui m’attendait à retrouver mon amour de lycée plus facilement. J’aurais dû préparer mon voyage, essayer de la retrouver de la France, j’aurais sans doute moins galéré. Depuis mon arrivée en Amérique, j’avais juste réussi à trouver un emploi et un appartement miteux. Est-ce que j’étais heureux ? Absolument pas !

Et pourtant, il fallait que je garde ce sourire forcé sur mon visage pour montrer que le club était accueillant et tout le tralala, et surtout pour ne pas me faire virer. Les gens semblaient bien s’amuser à essayer d’imiter le french kiss. Si j’avais été un grand dragueur de première, j’aurais pu aller voir nos clientes en leur disant que j’étais français et que je pourrais parfaitement les initier. Le patron avait d’ailleurs l’air de vouloir que j’aille en salle à me jeter ses regards incitateur depuis une bonne demi heure. Je finis par y aller, ne voulant vraiment pas perdre ma place, une bouteille de champagne à la main et prenant mon bel accent parisien, je dis à celles qui voulaient bien l’entendre :

TANGUY : Une petite coupe de champagne mesdemoiselles ?

Le charme semblait opérer instantanément et maintenant, j’allais devoir faire face à des demoiselles en manque d’amour toute la soirée. Ceci dit, je pourrais peut-être en profiter pour ramener une fille ce soir chez moi… En revenant au bar, je remarquais déjà que deux jeunes femmes m’avaient suivi. Je fis mine de laver quelques verres afin de m’en débarrasser mais elles semblaient coriaces. Je détournais donc la tête pour me concentrer sur autre chose. C’est là que je vis une autre jeune femme me regarder. Je ne l’avais pas encore vu de la soirée celle-ci et elle ne paraissait pas être comme les autres. Déjà, elle était assise au bar et ensuite, elle commandait des vodkas sans s’arrêter. Je pris donc un verre derrière moi et le rempli de ce délicieux mélange qu’elle semblait adorer. Je n’avais pas beaucoup d’argent mais bon, je n’étais pas à quelques dollars près, si ça pouvait soulager quelqu’un… Je me dirigeais donc vers la demoiselle, lui tendit le verre que j’avais préparé et lui dit :

TANGUY : Tenez, celui-ci c’est moi qui vous l’offre. Vous n’avez pas l’air d’aller très bien donc si ça peut vous aider…